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La vie rêvée des anges
14 août 2009

Peter Knapp : un photographe aux objectifs multiples !

4684_sunday_times_magazine_67Ancien élève aux Beaux-arts de Paris, le Suisse Peter Knapp a exposé aux côtés d’Andy Warhol, été directeur artistique du couturier André Courrèges et photographié la planète mode avant de passer à un art plus figuratif. Du 30 juin au 6 septembre, il se dévoile à Nice au TPI.

Vous semblez avoir eu plusieurs vies, quel est votre secret ?

Ma vitalité et mon envie de faire, motivée par l’expérimentation et les rencontres. J’ai d’ailleurs fait une belle rencontre à Monaco. J’y ai photographié la Princesse Stéphanie lors de son 20e anniversaire. Je garde un très bon souvenir de notre rencontre. A l’époque, elle était encore triste, elle venait de perdre sa mère. On avait fait des photos un peu sportives. Elle marchait sur les mains et lançait le javelot. Evidemment ces photos sont passées dans le monde entier et ont fait plus de 140 couvertures ! Et pourquoi ne pas recommencer ?

Comment s’est fait le choix des œuvres  présentées à Nice ?

C’est Eric Léon, le directeur du théâtre qui a fait sa sélection. Elle ne présente pas mon parcours dans son ensemble, il est très long, cela aurait été difficile! Il s’est plutôt concentré sur mon passage de la mode à une chose plus expressive. Autre chose, j’ai fait pour l’occasion « une œuvre de circonstance », si on peut dire. De la colline du château de Nice j’ai photographié la mer et le ciel, du port jusqu’à l’aéroport, sous forme de panoramiques. C’est une chose « décomposée et recomposée », faite à partir d’une centaine de clichés.

Dans les années 60, pourquoi avoir débarrassé la photo de mode de son aspect figé ?

Dans les années 50-60, la mode était réellement ce que les grands couturiers voulaient. La haute couture dictait les tendances et tout le monde copiait ce qui se faisait à Paris. Avec l’arrivée du prêt à porter, le choix s’est subitement élargi. Les journaux ont eu envie de s’éloigner du mannequin et d’arriver à une identification de la femme. Quand vous enlevez les poses typiquement mannequin, le côté réaliste apparait. Je n’ai pas été le seul à le faire. La mode a changé, la manière de la photographier aussi.La manière de porter un vêtement a surpassé le respect de la création. Il devenait normal que des mouvements tels que courir, monter un escalier… des gestes deviennent une manière de montrer la mode. Mettre le vêtement en mouvement était possible, puisqu’il n’était plus une icône à lui seul.

Vous avez été directeur artistique du magazine ELLE et travaillé pendant 20 ans dans la mode, avez-vous gardé un œil critique sur ce milieu ?

Je fais une grande différence entre les défilés de mode qui sont fabuleux et le reste. Le vêtement comme il est acheté aujourd’hui, n’est pas très intéressant pour un photographe. Mais les défilés organisés par Lagerfeld ou John Galliano sont de véritables show, c’est spectaculaire et réellement photogénique ! Et ce que les jeunes modélistes présentent est tout aussi étonnant. Ils sont très courageux !

Quelle a été votre rencontre la plus marquante?

Ma rencontre avec Courrèges ! Dans les années 60, quand il est arrivé, les dames avaient des jupes longues, des bas, des voilettes, des chapeaux… et d’un seul coup, il a balayé tout ça ! Avec lui, les filles avaient des chaussures plates, des pantalons, étaient sans chapeaux, et les jupes ont été raccourcies. Le vêtement avait une fonctionnalité. Il disait : « une femme qui doit monter dans une voiture basse ne peut pas avoir une jupe longue ! Si elle veut courir dans un escalier, elle sera mieux en pantalon qu’en jupe ». Il avait réfléchi aux nouvelles activités des femmes. Parmi tout ce que j’ai vécu en tant que photographe de mode, voilà la chose la plus marquante !

Vous passez ensuite à un art plus figuratif…

Qu’on le veuille ou non, la photo de mode vous oblique à faire rêver et à idéaliser les choses. Et quand on fait de l’image, ce n’est pas le seul chemin que l’on a envie de prendre. Alors j’ai fini par me tourner vers quelque chose de plus expérimental. Et pour être radical, j’ai choisi des thèmes franchement opposés à ce que j’ai fait durant 20 ans. J’ai retravaillé certaines photos de mode en dessinant dessus. J’ai essayé de donner une expressivité. J’enlève un peu de glamour, d’élégance et je rends le tout beaucoup plus féminin. Ou disons plus femme, moins mode. J’aime passer à autre chose. Je suis plutôt en recherche qu’en répétition d’un style ou d’une image. Je n’ai pas de style formel.

Caroline S. Article paru dans l'Observateur de Monaco.

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